« Le théâtre est un corps » disait Anne Ubersfeld. Baignés entre fiction et réalité, lors d’une fraîche matinée de septembre, nous avons eu la chance de s’introduire dans les entrailles du plus ancien cabaret du monde, les Folies Bergère.
Cette immense salle qui accueille depuis près de 160 ans une large variété d’artistes, de spectacles et de concepts artistiques, impressionne de par sa grandeur et son statut actuel dans le monde des arts européens, ainsi que par son architecture remarquablement ancienne et conservée.
Pénétrant dans l’établissement par l’entrée des artistes, nous avons traversé le hall des techniciens pour atterrir sur la scène, offrant un visuel impressionnant sur les 1740 sièges ornés d’un décor typique des anciens cinémas, nous plongeant inconsciemment dans l’histoire de la salle.
A ses débuts, la salle de music-hall papillonnait entre les concerts, les représentations théâtrales, les cafés, un lieu où les parisiens allaient et venaient principalement pour se divertir.
Avant de devenir la majestueuse Folie d’aujourd’hui, la salle fût transformée en espace de discussions politiques durant la guerre de 1870, puis en salle de concert de musique classique par Léon Sari.
Au vu du succès moindre qu’elle connut, l’activité bascula de nouveau vers ses origines, le spectacle et la fête, gardant pour spécialité les ballets.
Edouard Marchand révolutionna par la Revue Des Folies Bergères, le concept de la femme sur scène. Les spectacles s’ensuivirent par milliers, accueillant toujours plus de monde. Quant aux artistes, ils y trouvaient un réel plaisir à se produire sur scène. On retrouve alors Cleo de Merode, célèbre danseuse étoile de l’Opéra, suivie un peu plus tard, de la grandiose « Perle noire », Joséphine Baker.
Au début des Années 20 autrement dit les Années Folles, Paul Derval, nouveau directeur artistique, bouscule la décoration et l’architecture de l’établissement, entreprenant l’augmentation du nombre de places en salle et aménageant des vestiaires. La façade construite par Sari en 1872, sera renouvelée par Maurice Pico en 1929, au gout d’une fresque Art Déco aujourd’hui inscrite à l’inventaire des monuments historiques.
Dans le hall principal, éveillant l’œil du public, l’histoire continue de faire rêver par sa décoration constituée de plusieurs chevaux de manège sur lesquels les danseuses effectuaient leurs shows. Certains furent d’ailleurs repris au gout du célèbre couturier Jean-Paul Gaultier. On remarque également les nombreuses affiches remémorant les extravagantes représentations, qui ont pu monter sur les planches des Folies et construire son histoire.
Ce vieux bâtiment communément surnommé La Grande Dame, ouvre ses bras aux plus grandes vedettes de l’époque : Edith Piaf, Jacques Brel , Poiret ou encore Serrault . En 2006, les Folies s’emparent du succès grimpant du Cabaret, spectacle évènement qui sera nommé six fois aux Molières et attirera plus de 200 000 spectateurs.
Depuis, la Folie maintient son effervescence autour des arts du spectacle, tout en étendant son activité aux évènements d’entreprise et séminaires. Au 32 rue Richer, l’esprit de charme et de fête ne s’estompe pas, pour le plus grand bonheur de ses visiteurs.