J4 – Le Sénat vu de l’intérieur

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A l’extrémité des jardins du Luxembourg, dans le 6ème arrondissement de Paris, se dresse un immense palais. C’est le Sénat, l’une des deux chambres du Parlement français. Durant toute une après-midi, nous avons eu la chance de parcourir ce site à travers une visite guidée, d’interviewer deux sénatrices, mais aussi d’assister à la séance de questions au gouvernement en présence du Premier Ministre Édouard Philippe. Compte-rendu de cette visite, des forces et faiblesses de ce pan du Parlement Français aujourd’hui ultra-contesté.

Construit pour la famille royale en 1625, le Sénat accueille ses premiers sénateurs en 1804 au cours du règne de Napoléon Bonaparte. Ce lieu mythique subit plusieurs modifications, et s’agrandit petit à petit au fil du temps.
Aujourd’hui, ce site au passage très bien entretenu demeure toujours aussi splendide. Les salles, couloirs, chambres hautes, et autres bibliothèques valent bien évidemment le coup d’œil. Mais qui pourrait affirmer le contraire ?
Cependant, c’est sur le plan institutionnel que le constat est rude. Le Sénat est perçu par la population comme une maison de retraites pour vieux routards de la politique. De plus, le cadre idyllique et luxueux dans lesquels évoluent ces représentants ne font que renforcer le sentiment de déconnexion envers le peuple. En effet, 60% des français estiment que le Sénat ne  »sert à rien » selon un sondage Ifop paru en 2017. Alors qu’en est-il vraiment ? A t-on perçu des failles qui viendraient confirmer ce que pensent la majorité des citoyens ?

En arrivant sur les lieux, une question vient directement à l’esprit : comment garder les pieds sur terre pour un sénateur au regard de l’aspect très monarchique des locaux ? N’est-ce pas paradoxal avec l’idée initiale du Sénat, qui est de représenter les territoires ?

La sénatrice de Nouvelle Aquitaine Laurence Harribey, issue du groupe Socialistes et Républicains, répond en partie à nos questions : « 3 ou 4 jours au Sénat pour travailler sur les différents rapports, mais aussi assister aux questions au gouvernement, et le reste c’est sur le terrain dans nous circonscriptions », tout en reconnaissant « qu’il est évident que le pouvoir monte à la tête ». Elle ajoute que l’expérience est primordiale, ce qui expliquerait la moyenne d’âge très élevée du Sénat par rapport à l’Assemblée Nationale.

L’objectif étant de se tenir à l’écart des polémiques politiques quotidiennes.
D’ailleurs, la séance de questions au gouvernement se déroule sans réelles invectives. De plus, certains sénateurs expliquent que même s’il coûte assez cher (350 millions par an), le Sénat demeure un contre-pouvoir essentiel à la démocratie, se basant sur la récente commission d’enquête au moment de l’affaire Benalla il y a un an pour souligner ce fait.

Par la suite, l’entretien avec Annick Billon, sénatrice de Vendée, issue du groupe Union Centriste, confirme ce penchant technocrate volontaire.
D’ailleurs, les sénateurs ne sont pas élus par les citoyens au suffrage universel direct, mais par des grands électeurs (conseil régional, conseil municipal). Cette dernière nous fait remarquer que de toutes façons « il est impossible de supprimer ou réformer en profondeur le Sénat puisqu’il faut l’accord… du Sénat lui-même ». Au cours d’une interview exclusive dans ses bureaux, elle nous fait part des dossiers sur lesquels elle travaille actuellement notamment un rapport sur le droit des femmes.

Auprès des jeunes, l’absence de modernité de cette institution et le non renouvellement des visages, ne permet pas aux jeunes de s’identifier a eux. Mais est-ce le rôle d’un sénateur au final ? L’incarnation en politique ne doit pas être négligée. Il suffit de voir l’émotion provoquée par la disparition de Jacques Chirac ce jeudi 26 Septembre pour avoir un fragment de réponse. C’est peut-être la leçon du jour…

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