Inaugurée en 1907, la Salle Gaveau a su s’imposer sur la scène musicale classique parisienne comme un salon incontournable. Nous avons eu la chance de visiter ce lieu magnifique et chargée d’histoire dans le cadre du Tour E-media 2020.
Située au 45 rue de la Boétie dans le huitième arrondissement, la Salle Gaveau, même sans connaître son passé et son prestige, ne peut nous laisser indifférent. En effet, dans chaque espace du bâtiment que l’on a pu visiter, règne une atmosphère paisible et harmonieuse, laissant place à l’admiration silencieuse. Après avoir écouté le récit de Maud Chapel, chargée de commercialisation de la Salle Gaveau, on comprend mieux pourquoi. En effet, la construction et l’histoire de ce bâtiment vieux de 110 ans, lui donnent une aura bien particulière.
Les débuts de la Salle Gaveau
C’est entre 1906 et 1907 que la salle est construite sous la directive de l’architecte Jacques Hermant. Il acquiert notamment sa renommée par la construction de cette salle puisqu’il la façonne avec une acoustique parfaite. Le lieu a toujours été conçu dans le but d’être une salle de concert de piano et de musique de chambre, bien que quelques concerts y ont eu lieu de temps en temps. D’ailleurs, la salle Gaveau tient son nom de la manufacture de piano Gaveau fondé en 1847.
Le premier concert est donné par Le Bremer Lehrergeangverein. C’est un grand concert vocal qui fit beaucoup d’entrées. D’ailleurs, la salle bien que par sa taille dite moyenne, peut accueillir environ 1000 places en fonction des époques. Le nombre de places est fixé aujourd’hui à 1020.
De 1908 à 1912, la musique de chambre fait fureur au plus grand plaisir de la salle Gaveau avec notamment des concerts de Georges Enesco (compositeur et pianiste roumain). Comme cet artiste, de nombreux intervenants viennent de loin pour jouer sur la scène Gaveau du fait de son prestige et de sa beauté.
1933/1944 : l’importance de faire vivre la musique
Durant la Seconde Guerre mondiale, la salle est utilisée pour donner des galas au profit des soldats et victimes de guerre. Même durant l’occupation, elle ne perd pas sa dynamique et laisse libre court à l’expression artistique de grands solistes tels que Paul Tortelier. Après la guerre, la salle attire toute l’attention sur elle avec des concerts Lamoureux et Pasdeloup (deux grands orchestres reconnus et toujours en activité).
1976: une fin tragique évitée de peu
En 1976, la faillite de l’entreprise Gaveau permet à une compagnie d’assurance de racheter une partie de la salle qui perd par conséquent une partie de son prestige. La salle est alors menacée d’être transformée en parking. C’est alors que Chantal et Jean Marie Fournier, les propriétaires actuels, rachètent la salle. Tous deux sont passionnés de musique classique et refusent de voir sombrer le lieu.
1992/ 1995 : déjà 84 ans de prestations musicales
En 1992, la salle qui commence à se faire vieille est classée monument historique ainsi que l’orgue situé au-dessus de la scène, qui n’est d’ailleurs plus en fonction. Trois ans après, on considère que des rénovations s’imposent si l’on veut continuer à faire briller la salle. Les travaux sont alors confiés à l’architecte Alain Charles Perrot qui parvient à améliorer le confort du public, mais aussi la qualité d’écoute, sans toucher au son singulier de la salle. Mais ce n’est pas tout ce pour quoi, on peut le remercier puisqu’il amène véritablement un nouveau souffle à la salle Gaveau. Quand on arrive au Salon Rostropovitch, on a la sensation d’être bloqué entre deux temporalités. On oscille entre la sobriété d’origine, avec une majorité d’éléments en bois et une touche moderne amenée par des néons de lumières cachés dans le creux des murs.
Cet apport de modernité a permis d’ouvrir la salle à des événements non-musicaux, comme des remises de prix de diplômes, des réunions d’entreprises, et même des « show coiffure ». Ce qui n’est pas négligeable, car en dehors de la crise sanitaire, la salle connaît depuis quelques années un déclin significatif de clientèle. Il y a beaucoup de concurrence et la culture des concerts classiques se perd au fil des générations, nous confie Maud Chapel.